Implantée sur un plateau dominant Paris, en bordure de la forêt domaniale de Meudon, Vélizy-Villacoublay est une commune urbanisée de 900 hectares abritant une population de 22 000 habitants. Mais tel n'a pas été toujours le cas.
Pendant longtemps, la situation géographique de la ville, alliée à la qualité de sa terre, a fait d'elle une petite commune prospère sur le plan agricole. A partir de 1913, Vélizy accueille une population ouvrière grâce à l'installation d'industries aéronautiques.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la commune de 5 000 habitants est ravagée par les bombardements alliés. Le pilonnage a pour cible la base aérienne, occupée par les forces allemandes.
Au lendemain de la guerre, Vélizy-Villacoublay est déclarée « ville sinistrée » puis Zone à Urbaniser en Priorité (ZUP) en 1958. Les projets urbains qui vont suivre vont définitivement transformer le visage de la petite ville rurale et industrielle.
Nul ne pourrait reconnaître dans l'actuelle agglomération la petite bourgade composée de quatre hameaux, abritant moins de 5 000 habitants au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Vélizy-Villacoublay est ainsi restée jusqu'au début du XXe siècle en marge du mouvement d'urbanisation et d'industrialisation de l'actuelle Ile-de-France.
La commune de Vélizy, dont le nom est associé en 1937 à celui de son hameau mondialement connu, Villacoublay,, a longtemps été une des communes agricoles les plus importantes du département de Seine-et-Oise. Dans la monographie communale publiée en 1898, on peut lire que « Vélizy est une commune essentiellement agricole. Son sol argileux, très fertile, est rendu plus productif grâce à la proximité de Paris et de Versailles, qui fournissent des engrais et fumiers à peu de frais et en abondance aux cultivateurs de l'endroit ». Jusqu'aux années 1950, trois fermes se partagent les terrains labourables de la plaine et cultivent du blé, de l'avoine, des pommes de terre et des betteraves. La plus grande ferme est celle de la famille Roveyaz, où de nombreux Véliziens viennent chercher du lait et des oeufs.
A la suite du premier vol d'un avion à Villacoublay en 1908, effectué parAlfred de Pischoff et Paul Koechlin, plusieurs entreprises d'aviation et de pilotage utilisent les avantages offerts par ce plateau en terme d'altitude (174 m). L'installation des usines de la société Breguet en 1913 ouvre la voie au développement industriel de la petite ville. Suivant l'élan, Morane-Saulnier et Nieuport implantent à leur tour leur entreprise sur les terres cédées par la famille Dautier, à l'emplacement actuel de la zone d'emploi et de la base aérienne. Ce développement de l'industrie aéronautique modifie profondément le portrait démographique de la commune en attirant une nouvelle catégorie de population : les ouvriers. La présence des usines Renault sur l'île Seguin, à moins de 10 km de Vélizy, accentue encore ce mouvement. La vaste plaine agricole fait progressivement place à un immense champ d'aviation. L'impact de cette première vague de développement moderne multiplie par 10 la population communale (environ 500 en 1911 et plus de 6000 en 1939).On notera ainsi la construction remarquable d'une cité-jardin destinée à loger les ouvriers de l'usine Breguet (encore en partie visible rue Albert Richet).
Parallèlement à l'implantation des usines aéronautiques, le visage militaire de Vélizy-Villacoublay, initié dès 1910, se précise au lendemain du premier conflit mondial. En 1936, la base aérienne est créée. La mise en place du Centre d'Essais du Matériel Aérien (CEMA) s'accompagne dès 1937 de la création de la fameuse « escadrille ministérielle ».
Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, la base aérienne de Villacoublay est d'ores et déjà un centre stratégique de la défense militaire française. Il n'est donc pas étonnant que les allemands, après avoir bombardé le terrain le 3 juin 1940, investissent la base le 13 juin. Celle-ci devient vite le nouveau symbole de la puissance aérienne nazie et une cible privilégiée des forces alliées. La base connaît huit vagues de bombardements à partir de juin 1943. Sa proximité immédiate avec la ville de Vélizy-Villacoublay est à l'origine de la destruction partielle des habitations. Le 24 août 1943 reste ainsi marqué dans l'histoire de la ville comme l'attaque la plus destructive et meurtrière.
En 1952, dans son discours prononcé à l'occasion de la remise de la Croix de Guerre à la ville, le Général de Division Aérienne Gelée dresse le bilan de la guerre : « 46 tués, 104 blessés, une centaine de déportés, dont 5 morts en déportation, 140 immeubles détruits ».
Le 11 septembre 1945, à la suite de la création du Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, Vélizy-Villacoublay est classée parmi les villes sinistrées. Cette mesure privilégiera par la suite le développement urbain de la commune. En 1958, la zone englobant les communes de Vélizy-Villacoublay, Jouy-en-Josas, Clamart, Meudon et Bièvres est déclarée Zone à Urbaniser en Priorité. Cet outil révolutionnaire permet de lancer des chantiers sans précédent et de créer sur un espace vierge plusieurs milliers de logements sous forme de grands ensembles collectifs. L'avenir de Vélizy-Villacoublay se dessine.