Le projet tant attendu d’Ehpad est sur le point de se concrétiser rue Nieuport dans le quartier Europe. À l’origine des plans, Marie-Odile Foucras, l’architecte renommée pour ses réalisations résolument modernes, ne cache pas son attachement pour Vélizy-Villacoublay. Elle revient pour nous sur ses débuts avec tendresse. Rencontre.
L’urbanisation des années soixante de Vélizy-Villacoublay est un sujet que Marie-Odile Foucras connaît par cœur. De la construction de l’aérodrome à la création des tours de logements, l’architecte a étudié le développement de notre ville sur les bancs de l’école. « Un des sujets les plus passionnants de ma formation », nous confie-t-elle.
Architecte est le métier qu’elle a toujours souhaité faire. Enfant, déjà, elle se passionne pour le dessin et excelle en géométrie et mathématique. Un esprit artistique et pragmatique qui la dirige naturellement vers sa vocation. Sa détermination marque ses professeurs. « Un jour, j’ai croisé une ancienne enseignante qui m’a demandé si j’avais réalisé mon rêve. Bien évidemment, lui ai-je répondu. Elle n’était pas étonnée, car à la question que voudriez-vous faire plus tard ? la réponse restait inlassablement la même ! Architecte », s’amuse-t-elle.
Au fil de ses études, elle cumule les expériences et gagne en confiance. Elle travaille cinq années en agence et, en 1994, la crise économique lui fait perdre son emploi. Battante, elle saisit cette occasion comme une opportunité pour se mettre à son compte. La jeune architecte de trente-cinq ans se lance seule dans l’aventure depuis la mezzanine de son appartement avec pour seuls outils son ordinateur et sa table à dessin. Vingt-cinq ans plus tard, son agence d’architecture est réputée pour ses nombreuses réalisations. Aujourd’hui, elle emploie une vingtaine de personnes et continue son développement. « Pas un jour de ma vie, je n’ai été déçue par mon métier. J’ai tellement de plaisir à travailler que je suis presque gênée de gagner ma vie avec ! », avoue-t-elle.
Son succès, elle le doit en partie à ce trait de caractère que l’on perçoit dès les premiers échanges : Marie-Odile est audacieuse et ambitieuse. Elle se dit elle-même « rebelle ». « Si l’on ne prend pas de risque, on n’est pas créatif, affirme-t-elle, à l’agence, il est strictement interdit de présenter des projets identiques, on doit en permanence innover. »
Les inquiétudes des débuts se sont effacées, la directrice d’agence affiche une certaine sérénité qui lui permet de se concentrer sur l’écoute et l’échange. Une force alliée à une douceur qui se reflète dans son processus de création. « Je suis très à l’aise avec ma soixantaine. À présent que je maîtrise le volet technique, je peux me dégager plus de temps pour le volet humain. C’est essentiel pour moi de comprendre les usagers des bâtiments que je crée. »
« L’architecture, ce n’est pas du béton que l’on coule, les bâtiments doivent engendrer des émotions. »
Pour concevoir l’aménagement des espaces du futur Ehpad, elle souhaite impliquer les résidents ainsi que le personnel. Là encore, le crayon n’est jamais loin… « L’architecture, ce n’est pas seulement dessiner quatre murs. Chaque projet s’inscrit dans l’histoire d’une ville, d’un quartier, et de vécus. J’utilise le dessin pour saisir les émotions en faisant le portrait de mes rencontres. » Un mode de communication qu’elle a pu utiliser pour accompagner des personnes polyhandicapées à s’approprier les lieux dans de précédentes réalisations. Ces ateliers de cocréation permettent aux usagers d’être acteurs du projet et les aident à visualiser le lieu qui les accueillera.
Pour monter le projet d’Ehpad, elle a consulté les archives de l’Institut National de l'Audiovisuel et a visionné des documentaires sur la création de Vélizy ainsi que des témoignages d’époque d’habitants. « La phase préparatoire au projet m’a replongée dans mes souvenirs de jeunesse, j’ai une grande affection pour la ville. » Sa volonté est de créer un bâtiment qui ne soit pas seulement un hébergement ; un bâtiment qui se lit depuis la rue avec des espaces de vie dissociés par leur design ; un bâtiment qui s’intègre dans l’urbanisme de la ville actuelle et qui fait la part belle aux espaces verts pour reprendre l’ADN de Vélizy-Villacoublay. L’architecte expérimentée est fière de présenter les esquisses et les plans du futur établissement dédié aux seniors. Retrouver de l’espace, de la lumière et mettre l’accent sur la qualité de vie, telle est la vision de Marie Odile Foucras pour construire la ville de demain.