Comédien, acteur, réalisateur, Kevin Garnichat s’illustre dans chaque rôle qu’il incarne. Sa présence lors du Festival du Court Métrage à L'Onde a permis au public de découvrir un aperçu de son talent. À 35 ans, il a déjà collaboré avec des grands noms comme Cédric Klapisch, Alexis Michalik… et il n’a pas l’intention de s’arrêter là !
Photo ©Natacha Lambin
Samedi 1er juin 2024, 36e Festival du Court Métrage, le suspense atteint son comble lorsque les spectateurs désignent leur coup de cœur : Je rentre, réalisé par Jules Renault. Sous les applaudissements, Didier Albessart, président du ciné-club, appelle Kevin Garnichat, l’acteur principal, à monter sur la grande scène de L'Onde pour réceptionner le Prix du public. « C’était un moment très émouvant. Mes parents étaient dans la salle, mes voisins aussi… Je me souviens encore de la construction de cet immense bâtiment. Recevoir cette récompense ici, c’était beau et chargé d’émotion. »
Au micro, le comédien partage quelques anecdotes sur le tournage, notamment sur les séquences filmées dans le quartier du Clos. « Les premières scènes ont été réalisées dans la maison de mes parents. Le matériel était entreposé chez moi et toute l’équipe logeait sur place. C’était comme boucler la boucle. » Car c’est là que tout a commencé : sa chambre d’adolescent. Un espace refuge resté intacte, avec au mur des photos de lieux mythiques de films qui l’ont inspiré, comme les décors de L’Auberge espagnole. Et puis, il y a ce post-it, découvert un jour en déplaçant un meuble, sur lequel il avait écrit : « Je veux être acteur ». Une promesse silencieuse à l’adulte qu’il deviendrait.
Âgé de 15 ans, le jeune Vélizien découvre l’improvisation théâtrale en colonie de vacances. Dès cet instant, une détermination sans faille se dessine dans son parcours. À la rentrée suivante il s’inscrit à un atelier théâtre. Très vite, la scène devient une évidence pour lui, il songe même à quitter le lycée, mais ses parents le convainquent de passer son bac d’abord. En parallèle de ses études, le comédien amateur, perfectionne son art au Conservatoire de Versailles. « Ce mémo, c’était un rappel à moi-même, pour ne jamais m’écarter de mon rêve. Je devais l’écrire pour ne pas me trahir. »
Une fois diplômé, il se dirige vers une voie conventionnelle. Mais rapidement, l’étudiant en école de commerce réalise que ce n’est pas ce qu’il veut pour sa vie. Avec le soutien de sa famille, à 18 ans, il intègre une école de théâtre pour se consacrer à 100% à la scène. Son désir ardent le mène ensuite au prestigieux Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, où il est accepté dès sa première audition, malgré les 1 300 candidats pour seulement 30 places.
Kevin Garnichat a incarné plus d’une quarantaine de rôles sur scène, explorant des répertoires très variés. Il a notamment joué dans Edmond, la pièce d’Alexis Michalik, couronnée de cinq Molières. Actuellement, on le retrouve dans Oublie-moi de Marie-Julie Baup et Thierry Lopez, une œuvre poignante entre rire et larmes qui elle-aussi a été récompensée aux Molières par quatre fois : Meilleur spectacle de théâtre privé, Meilleure mise en scène, Meilleur Comédien et Meilleure comédienne de Théâtre Privé.
À l’écran, on le reconnaît dans des séries comme Scènes de Ménage, Broute 24 ou Les Petits Meurtres d’Agatha Christie. Au cinéma, il a collaboré avec des grandes figures : Jean-Jacques Annaud dans Notre-Dame brûle,
Cédric Klapisch dans En corps et dans J'accuse de Roman Polanski. Sans oublier les courts métrages, dont plusieurs qu’il a lui-même réalisés. Il a également écrit une histoire pour enfants, L'enfant sans bougie chez Glénat, qui devrait être publiée sous forme de BD en 2025. Il faudrait bien plus d’une page pour faire le tour de sa carrière qui ne cesse de s’étoffer !
Photo ©GuyFerrandis
L’artiste alterne donc entre le théâtre et le cinéma, deux univers qui nécessitent une gestion minutieuse de son emploi du temps. « Au cinéma, je peux être appelé sur un tournage intensif pendant 25 jours non-stop, parfois loin de Paris, alors qu’au théâtre, les engagements sont plus longs, souvent sur deux ans. Il faut faire des choix stratégiques, et même si je souhaite m’investir davantage dans le cinéma, je ne veux pas renoncer au théâtre. » Kevin décrit aussi des approches très différentes entre les deux disciplines : « Au théâtre, on travaille d’abord les textes, puis on ajuste les lumières et les costumes, une fois devant le public, rien ne peut stopper le jeu. Au cinéma, c’est tout l’inverse : on commence par poser le décor, on ajuste le cadre, puis on tourne la scène - et si un imprévu survient, comme un avion qui passe, on la refait. » Si les deux méthodes l’enrichissent, le comédien avoue avoir une affection particulière pour le théâtre pour « l’énergie qui entoure la création d’une pièce, l’esprit de troupe, et la connexion immédiate avec le public, où les émotions se partagent en direct. »
Des rêves, Kevin en a encore beaucoup à réaliser. « J’aimerais incarner un sportif de haut niveau, un vrai méchant ou un personnage de cape et d’épée… des envies de gamin quoi ! », confie-t-il avec humour. Un mot revient souvent au cours de l’interview : la chance. La chance d’avoir partagé un dîner avec Jean-Paul Belmondo après une représentation, d’avoir pu côtoyer les figures du cinéma qui l’inspire, ou encore d’avoir pu travailler avec Jean Dujardin, son idole de jeunesse, sur un tournage . « C’est lui qui m’a donné envie de faire ce métier. Je voyais l’âge adulte comme quelque chose de sérieux, sans joie. Quand j’ai compris qu’on pouvait prendre du plaisir, rire et être payé pour ça, j’ai su que c’était ce que je voulais faire. »
Mais derrière chaque succès, le Vélizien garde les pieds sur terre.
« Mon métier, c’est de jouer, et j’ai une chance immense de pouvoir en vivre. » Avec une grande humilité, il rappelle : « Un jour, je suis sur scène ou en tournage, et le lendemain, je me retrouve seul, attendant un nouveau rôle. Je me répète toujours que mon métier, c’est de jouer. Il faut savoir prendre du recul, se déconnecter… ou plutôt se reconnecter au réel. Pour ça, je m’évade en Bretagne au grand air ou à Vélizy pour un retour aux sources ! ».