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Emma Hall, une inspiration sans frontière

Martes, 2 de abril de 2024
Cultura

C’est en plein coeur du quartier Louvois qu’Emma Hall nous ouvre les portes de son atelier. Dans un appartement aux murs colorés, entourée de ses golden retriever, l’artiste s’y sent « comme à la maison ». Pourtant, rien ne la destinait à vivre à Vélizy ! Entre l’Inde, l’Angleterre, l’Italie ou encore le Japon, Emma a passé sa vie à voyager. Des paysages pleins la tête, elle exprime sa créativité à travers ses peintures.

Emma Hall, une inspiration sans frontière

Du haut du 6e étage, Emma Hall aime observer la ville sur sa terrasse. « Ici, il y a le centre commercial à côté, la forêt, c'est tranquille. J’y suis tellement bien que je n'ai jamais voulu déménager ! », se complaît la peintre.

Cela fait maintenant une vingtaine d’années qu’Emma est installée en France alors que rien ne la destinait à vivre dans l’Hexagone. Benjamine d’une famille de trois enfants, avec des parents originaires de Londres, elle passe les premières années de sa vie en Inde. « Mon père, en tant que militaire, a été envoyé dans la grande ville de Calcutta. Il s’y est tellement plu qu’il a voulu qu’on y reste. », se remémore l’artiste.

Pourtant, à 11 ans, elle retourne en Angleterre où elle passera sa scolarité en internat. La petite Emma grandit alors entre deux cultures totalement différentes. « À chaque vacances, je retournais en Inde. Je me souviens, quand la porte de l’avion s’ouvrait et que la chaleur rentrait, je me disais “ça y est, je suis à la maison”. » Un décalage qui chamboule ses racines. « Je ne voyais pas l’Angleterre comme mon pays, parce que lorsque l'on nait quelque part, on est imprégné de la culture de ce pays. C'est bizarre, mais c'est comme ça. », relativise-t-elle.

Le début de la dolce vita

Alors que la famille passe tout son temps entre l’Inde et l’Angleterre, la mère d’Emma a envie d’ailleurs. Et pourquoi pas partir en vacances en Italie ? L’artiste se souvient : « mes parents et moi sommes tombés amoureux de la Toscane. Moi, j’étais complètement raide dingue, je voulais vivre là-bas ! ». Chose voulue, chose faite ! À 21 ans, la jeune femme part étudier à Rome : « C’était le début de la vie italienne pour moi. L’architecture, l’art, la musique, toutes ces belles choses m’ont inspirées ».

 

 

 

 

 

Il faut dire que la peintre baigne dans l’art depuis toute petite ! Bien que ses parents ne soient pas artistes, ils l’ont amené dans beaucoup d’expositions en Angleterre. « Je n’ai jamais pris de cours de peinture, c’est venu comme ça. À 6 ans, j’ai fait mon premier dessin (voir ci-dessous) et depuis, je dessine comme je le sens, c’est assez naturel ! », exprime-t-elle.

Pourtant, malgré le soutien de ses parents, la Emma adolescente rêvait plus grand : la Slade School of Fine Art, une école d’art réputée à Londres. Un choix d’études qui ne plaît pas à ses parents, convaincus qu’elle ne gagnerait jamais sa vie avec l’Art. Aujourd’hui, la peintre regrette : « Je ne leur ai pas tenu tête, mais il faut remettre dans le contexte de l’époque, il y a 40 ans, il fallait se marier, avoir des enfants, etc.. Je comprends ce qu’ils pensaient mais c’est frustrant ».

L’exigence de la peinture

Après avoir vécu huit ans en Italie, direction la France où son ex-mari était originaire. Un changement qui n’a pas été simple pour Emma : « Je me suis retrouvée dans un autre pays sans connaître personne ni même parler la langue. Mais j’ai rencontré des gens extraordinaires, puis j’ai eu mon fils alors je suis restée ». Meudon, Clamart, c’est ensuite à Vélizy-Villacoublay qu’elle pose ses valises. Aujourd’hui son fils est parti au Japon, l’artiste continue sa vie ici.

Dans son appartement aux couleurs éclatantes, une chambre est transformée en atelier. Tubes de peintures, toiles, pinceaux... c’est ici que la magie opère ! Paysages, portraits, natures mortes, Emma peut tout peindre tant que le sujet lui plaît : « Si c'est un truc qui ne me dit rien, je n’ai pas envie de le faire, il faut que ça me parle ». Autre critère : la couleur. « Ce que je trouve dommage c’est qu’en Europe, on porte beaucoup de noir en hiver. Pourquoi ne pas mettre du orange ou du fuchsia ? Ça égaie », estime-t-elle.

Une exigence qui lui vient majoritairement de ses voyages. « J’ai vécu des années en Inde, c’est pour ça que j’aime les couleurs vives. » La peintre poursuit : « J’ai découvert la même chose au Japon, lorsque je vais rendre visite à mon fils, ce sont des couleurs plus pastel mais tellement jolies ». Néanmoins, ses portraits restent en noir et blanc. En utilisant la technique du fusain, composé de charbon de bois, le tracé et les contours du visage sont plus précis. Emma prend plaisir à sélectionner ses portraits : « J’aime beaucoup les visages âgés, car il y a plus de caractère ou alors très jeunes, où les yeux sont grands et où l'on peut voir l’expression ». Peinture à l’huile, pastel, ou encore aquarelle : l’artiste sait manier toutes les techniques ! Et pas que...

L’art, ça se mélange !

Si la passion d'Emma Hall est la peinture, c'est son métier d'assistante de direction chez Microsoft qui la fait vivre. Pour autant, elle participe à de nombreux projets artistiques.

En 2020, lors de la crise sanitaire, Emma s’investit dans l’association Solidarité avec les soignants, co-créée par la comédienne Anne Roumanoff. L’objectif de cette collaboration : réaliser des portraits de médecins, infirmiers, chercheurs... qui seront ensuite vendus au profit des soignants et soignés des hôpitaux publics des Yvelines. Emma explique, « c'est une donation, c'est à dire que l'argent va à l’association, mais la personne qui achète le tableau ne le garde pas, il va dans une salle de repos du personnel ou dans un salon d’accueil des patients, bien souvent vide. » Ce n’est qu’en juin 2023 que ses premiers portraits ont été affichés à l’hôpital de Poissy. Une année chargée pour l’artiste grâce à un autre projet : l’écriture d’un livre.

Alors qu'un beau jour, assises sur sa terrasse, Emma et son amie Christelle Esposito, discutaient de femmes qu’elles connaissaient, elles se rendent compte que pour beaucoup d’entre elles, la vie n’a pas été simple. « Je me suis dit, “et si on écrivait un livre là-dessus ?” C’est comme ça que 10 Countries, 10 Women, 10 Lives est né », confie-t-elle.

Cet ouvrage, écrit en anglais, retrace la vie de 10 femmes venant de pays différents. À travers ces témoignages, les deux amies souhaitent montrer que malgré les difficultés rencontrées, on peut s’en sortir. C’est le cas d’une connaissance d’Emma : « Alors qu’elle venait juste d’accoucher de son enfant, son mari est décédé. Elle n’avait pas un rond lorsqu’elle est partie à Monaco pour travailler dans une grande entreprise. On lui a donné un job, un appartement, une voiture,... Je me dis que la vie est belle car elle en avait vraiment besoin. » Les histoires sont touchantes mais ne se ressemblent pas. Pendant un an, les deux femmes travaillent main dans la main sur ce projet. Emma peint même leurs portraits, une belle façon de lier son art à l’écriture.

 

Aujourd’hui, l’artiste vélizienne prend toujours autant de plaisir à peindre, tout en gardant une certaine liberté : « Il y a des périodes où je ne fais rien, et tout d’un coup j’ai envie de peindre tout le temps. C’est très étrange, mais c'est normal, c'est ça la créativité ! »