Colonel Pierre Cornetto, Commandant de la base aérienne 107 "sous lieutenant Dorme"

Un peu d'Histoire...

« Villacoublay est bien plus qu’une infrastructure militaire : c’est un témoin du temps », raconte avec passion le colonel Cornetto en introduction de notre entretien. Son histoire remonte à 1900, lorsque le plateau de Vélizy accueillait déjà les premières écoles d’aviation. L’aviation civile y prospère avant que la Première Guerre mondiale n’y ancre une vocation militaire, avec pour mission de protéger Paris. Durant la Seconde Guerre mondiale vient l’Occupation. La base n'y échappe pas ! Les Allemands, conscients de l’importance du site, construisent même une seconde piste pour tromper l’ennemi. Les bombardements alliés pleuvent. Après la Libération, les années passent, c'est le temps de la reconstruction. Ce n'est que dans les années 1960 que le Général de Gaulle redonne à la base un rôle stratégique : assurer le transport des plus hautes autorités de l’État, une mission confiée à l’escadron de transport (ET60).

Cultiver l'exigence et l'exemplarité

Après un an de commandement en second, le 10 septembre 2024, le colonel Pierre Cornetto prend le commandement de la base aérienne 107 de Villacoublay. « La passation fut un moment fort, chargé d’émotion, entouré du Chef d’Etat- major des Armées, du major-général de l’armée de l’Air et de l’Espace et de la colonel Borrel, ma prédécesseuse, qui était elle aussi très attachée à la base, et sous le regard de mes proches. » se souvient-il avec émotion. À cet instant, il connaît déjà l’ampleur de la tâche qui l'attend. « En arrivant sur la base, j’ai rapidement compris son caractère unique. Ici, aucune journée ne ressemble à une autre. » À seulement quinze minutes de l’Élysée - sur un timing présidentiel - plus proche encore que les grands aéroports, la base ne dort  jamais. 15% des effectifs vivent en état d’alerte permanente, prêts à décoller pour une mission en France ou à l'étranger.

« Transport de hautes autorités, notamment du Président de la République et des Ministres, rapatriement de militaires blessés en mission, de publics sensibles comme des otages, transport d'organes... Les missions sont variées et les enjeux importants », confie le commandant de la base aérienne 107.  « La base est une vitrine de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), et pour nombre de visiteurs, le premier et unique contact avec le monde militaire. Nous devons être exemplaires », affirme-t-il.

Mais la base ne se résume pas à son aérodrome : elle abrite des unités aux missions diverses, aux rouages bien huilés. Sur le tarmac et dans les hangars, 2 300 militaires s’activent, dont 1 300 sous son autorité directe. « Ici, c’est comme une petite ville dont je tiens le rôle de maire » nous explique le colonel.

Son objectif : une base D.O.R.M.E

Depuis son arrivée, le colonel Pierre Cornetto porte une vision ambitieuse de la base : Dynamique, Opérationnelle, Résiliente, Moderne et Engagée - un clin d’œil à René Dorme, figure  légendaire de l’aviation et parrain de la base aérienne. Cette ambition prend vie à travers la gestion de la base et de ses  projets, dont un jumelage avec la base britannique de Northolt,  « le Vélizy londonien », pour partager pratiques et savoir-faire. Elle s’exprime aussi dans les grands rendez-vous à venir : les 80 ans de la Libération, l’anniversaire de l’escadron ET60, sans oublier le 14 juillet. Et à l’horizon 2026, les 90 ans de la base aérienne. Elle s'illustre enfin dans les liens qu'elle génère. « Une base aérienne n'est rien sans les Hommes » selon Pierre Cornetto qui accorde une attention particulière à trois publics cibles : les jeunes, les réservistes et les aviateurs.

Pour les premiers, des initiatives sont développées comme les « escadrilles air jeunesse », permettant aux jeunes de s’immerger dans le monde aéronautique. Des classes défense sont mises en place, comme avec l'école Fronval, rapprochant le monde civil de l’armée, et des jobs dating sont organisés pour faire connaître les métiers de l'aéronautique. Les réservistes, eux, ont un engagement que le colonel souhaite valoriser en renforçant leur intégration notamment via l’exercice Air Raid, un raid pour les réservistes organisé sur la base aérienne pour sa 25e édition. Enfin, les aviateurs. Loin de leurs familles pour certains, ils doivent pouvoir trouver sur la base un cadre de vie agréable. Des espaces de détente, des food trucks et un accès facilité aux infrastructures de Vélizy 2 font partie des aménage-ments pensés pour eux.

Le quotidien du colonel est donc de jongler entre organisation, présence près des équipes et visites protocolaires. « C'est un plaisir de travailler pour cette base. Ce qui fait notre force et ce dont je suis fier, c’est l’engagement de chacun » conclut-il.