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Yvan Wouandji, joueur international de cécifoot

Montag, 2. september 2024
Sport

Attaquant au sein de l'équipe de France de cécifoot et ambassadeur des Jeux olympiques et paralympiques 2024, Yvan Wouandji défend avec passion la place des handicapés dans notre société. Le footballeur de haut niveau jongle autant avec le ballon qu’avec les mots pour parler sans détour de son handicap visuel. Le champion souhaite saisir l'opportunité des Jeux pour promouvoir sa vision de l'inclusion sociale.

Yvan Wouandji, joueur international de cécifoot

Aussi à l’aise sur le terrain que sur les plateaux de télévision, Yvan Wouandji multiplie les interventions auprès de publics très variés. Son parcours est une source d’inspiration pour tous. Nous avons eu l’opportunité de le suivre à plusieurs reprises lors de ses rencontres avec les élèves véliziens au stade Robert Wagner, notamment dans le cadre des olympiades. À chaque occasion, il offre de véritables leçons de vie. Le sportif partage son expérience avec sincérité et laisse une empreinte durable. Malgré un agenda bien rempli, il a accepté, avec toujours le même enthousiasme, de revenir avec nous sur son parcours.

Un destin inattendu

Yvan n’est pas aveugle de naissance. Né grand prématuré au Cameroun, lui et son frère jumeau ont été placés en couveuse. Durant son hospitalisation, ses yeux ont été exposés à la lumière et à l’oxygène, ce qui lui a causé des dommages irrémédiables. Peu à peu, sa vision est devenue floue, et à l'âge de 10 ans, il perd complètement la vue à la suite de deux opérations infructueuses. « Je ne l’ai pas mal vécu, j’ai surtout été peiné pour mes parents. Je ne voulais pas qu’ils soient tristes pour moi. » Faute de structure spécialisée dans son pays pouvant lui permettre de poursuivre ses études, il intègre l’Institut National des Jeunes Aveugles à Paris. « Loin de ma famille, j’ai dû m’adapter à ma nouvelle vie de nonvoyant, apprendre le braille et à me déplacer avec une canne blanche. » Le jeune garçon a dû faire preuve d'une grande maturité pour s'adapter à ce nouvel environnement et maîtriser de nouveaux outils. À 15 ans, il renoue avec le sport en découvrant le cécifoot dans son institut, grâce à Julien Zelela, enseignant non-voyant qui a introduit cette discipline en 1987 au club pionnier de Saint-Mandé.

Une différence qui donne du sens

Le cécifoot est une adaptation du football pour les malvoyants et nonvoyants. La balle contient des grelots pour mieux la repérer. Ce sport se joue en équipe de 5 contre 5. Seul le gardien est voyant, les autres joueurs portent des bandeaux pour mettre tout le monde à égalité. Derrière le but adverse, il y a un guide pour orienter les joueurs. « Sans communication, il n’y a pas de jeu », insiste le footballeur. La communication verbale est cruciale pour coordonner les mouvements et informer les participants de la position du ballon. « La force du cécifoot, c’est la mixité », explique-t-il, « car sur le terrain il y a des voyants et des non-voyants. Par rapport au football classique, tout est décuplé : la voix, la complicité, les échanges, la proximité entre les joueurs… Ce n’est pas du foot au rabais. Le collectif l’emporte, il y a plus de tolérance et de solidarité. C’est ce que j’aime et ce que je veux défendre », souligne l’attaquant.

Un positivisme à toute épreuve

« Ce sport m’a permis de me sentir bien dans ma peau et de regarder vers l’avant. » A seulement 17 ans, arborant le maillot des Bleus, le jeune homme est surnommé l'« étoile du cécifoot », s’ensuit alors une ascension remarquable. Champion d’Europe en 2011, médaillé d’argent aux Jeux paralympiques de Londres 2012 et aux Championnats d’Europe 2019. Deux ans plus tard, il participe aux Jeux paralympiques de Tokyo, puis décroche l’or aux championnats d’Europe en Italie. En parallèle, il partage son expertise en tant que consultant sur RMC et i-Télé, devenant ainsi une figure médiatique influente et un modèle pour de nombreux jeunes. Au cours de sa venue en mai dernier, les élèves étaient impressionnés par son palmarès ! Il leur a d’ailleurs montré la vidéo d’un de ses exploits en action lors d’un match France-Allemagne. 3 minutes avant la fin du match, il réalise une belle action qui se solde par un but sensationnel. Cette vidéo comptabilise des milliers de vues et a fait le tour du monde !

Ne jamais regarder le handicap comme un obstacle

« Souvent quand on pense handicap, on pense aux difficultés qui y sont associées. Je veux démontrer durant ces initiations avec les élèves que malgré ça, tout est possible. Je m’efforce de toujours repousser mes limites et de prouver que nous avons tous nos chances de réussir. Ce sport incarne des valeurs qui me sont chères : la persévérance et la bienveillance », dit-il en appuyant chaque mot clé avec force.

L’inclusion sur les podiums et dans nos rues

Quand il n’est pas sur le terrain, Yvan est souvent dans les gradins avec son frère qui lui décrit les actions et le placement des joueurs. L’ambiance, l’agitation, la tension du jeu, il les vit pleinement. « Voir ce n’est pas qu’avec les yeux mais aussi avec le coeur, je ressens tout avec plus d’intensité encore. » Lors de ses interventions avec les jeunes, le médaillé explique au public que malgré la perte de l'un de ses sens, il a su développer d’autres compétences. Le champion prend le temps de répondre à toutes les questions. « Avec les enfants, c’est intéressant, car ils sont très curieux et sans filtre. Il est important de leur montrer que nous sommes des citoyens avant d'être des personnes handicapées et ne doivent pas avoir peur du handicap. Ils doivent savoir que proposer leur aide, même maladroitement, et venir nous parler, est toujours apprécié. » Quant à la question « quelle est ta couleur préférée ? » il répond : « Je n’ai pas besoin de voir les couleurs pour porter avec fierté celles de la France ». Les 1er, 2, 3, 5 et 7 septembre, les matchs de cécifoot se dérouleront au stade de la Tour Eiffel, un lieu stratégique offrant une belle visibilité à cette discipline. Yvan Wouandji compte profiter de cet événement mondial et de sa notoriété pour attirer l’attention sur l’inclusion. Pour lui, la valorisation par la compétence reste un défi, notamment dans le domaine de l’emploi. Le président du groupe 10-LS, lui a accordé sa confiance en tant que salarié et ambassadeur pour lancer un projet autour du sport et de l’inclusion, intitulé « Just Play ». Malheureusement, à l'heure où nous publions cet article, nous venons d'apprendre qu'une blessure ne lui permettra pas de participer aux Jeux. Nous lui souhaitons un bon rétablissement et une bonne continuation.