Philippe Naveau, l’artiste qui grave la nature en linogravure
Et si vous preniez quelques minutes pour observer ce qui vous entoure ? Ralentir, mettre vos sens en éveil, apprécier votre environnement et vous évader de votre quotidien. Philippe Naveau le fait depuis 6 ans, des pauses inspirantes pour ses créations.
Autodidacte et passionné d’art depuis son plus jeune âge, Philippe Naveau s’intéresse à la linogravure dès 2020. Cette technique de taille qui appartient au 2e art est une méthode de gravure sur plaque de linoleum* ou de bois. Grâce aux gouges, des petits ciseaux à bois modulables, il est possible de creuser et de sculpter toutes les formes souhaitées sur le linoleum. Une fois encrées puis imprimées sur papier, ces oeuvres laisse place à des paysages ou des portraits intemporels comme les ont si bien réalisés Matisse, Picasso, et même Albrecht Dürer à travers les siècles.
Des linogravures en trompe-l’oeil
Chercheur mathématicien au plateau de Saclay, ce Vélizien vit parfois des journées stressantes. Pour s’aérer l’esprit, il part souvent dans les bois de la forêt de Meudon pour se ressourcer et chercher l’inspiration. Face à la biodiversité de cet espace, il croise divers animaux qu’il n’hésite pas à dessiner sous forme de croquis. Chouettes, amphibiens, hérissons, renards, poissons, cygnes, tant d’espèces du monde animalier qui l’entoure qu’il choisit d’illustrer dans ses gravures sous forme de trompe-l’oeil. C'est la première étape de son art : l'inspiration.
Dessiner, encrer, et presser, la linogravure est art complexe qui demande beaucoup de réflexion. Une fois le sujet trouvé, il reste à le poser sur papier. C’est là que les étapes techniques entrent en jeu notamment lors de l’encrage. Lorsque l’encre ne retient que les pleins et que les creux disparaissent, les détails du dessin se dévoilent. Pour Philippe Naveau, un papier de format A5 demande environ 3 jours de travail.
C’est donc pendant plus d’un mois que l’artiste vélizien s’est exécuté pour développer sa toute première exposition intitulée Bestiaire. Pour celle-ci, ce sont 20 linogravures qu’il a dû penser et travailler pour offrir aux spectateurs une vision nouvelle de la biodiversité vélizienne. Ce qu’il aime, c’est jouer avec le spectateur. En effet, dans une seule photo, plusieurs animaux sont superposés, cachés, et l’objectif est d’en reconnaitre un maximum. Il l’explique lui-même dans son livre Bestiaire Farouche : « Dans la tradition du trompel’oeil […] ce livre propose une fenêtre enchantée sur le vivant : stratégies de camouflage, d’évitement et jeux de cache-cache entre espèces ».
« Ce qui m’intéresse, c’est d’aller au contact du public »
C’est donc à la médiathèque de Vélizy-Villacoublay que Philippe Naveau a choisi d’exposer durant le mois de septembre ses créations originales. Il a pu y rencontrer des visiteurs curieux, sensibles à sa cause. Volontaire et motivé, il en a également profité pour allouer des ateliers d’initiation à la linogravure aux familles véliziennes. De la théorie à la pratique, tous ont pu profiter de son oeil artistique et de sa maîtrise pour créer des ébauches prometteuses. À savoir, tous ses bénéfices (livres et oeuvres vendus) sont reversés notamment à l’association Ursine nature.
* matériau naturel composé d'un mélange de poudre de liège, d'huile de lin, de gomme et de résine, l'ensemble étant comprimé sur une toile de jute.
Le saviez-vous ?
La linogravure apparaît en 1863 en Angleterre grâce à Frederick Walton. Il découvre l’oxydation de l’huile de lin et invente très vite le linoleum. C'est ainsi que les premières linogravures entrent dans les foyers comme décorations de sol.