Patrick Evesque, sculpteur et tourneur sur bois Vélizien, artiste par nature

Le Vélizien a grandi au coeur du massif alpin avec pour voisin un ébéniste. Son père fabriquait également des meubles. « J’ai baigné dans les copeaux, ça a nourri une certaine forme d’imaginaire » nous confie-t-il. Adolescent, il crée son premier couteau. Quinze ans plus tard, lors d’une de ses promenades quotidiennes en forêt, Patrick Evesque trouve un couteau au manche cassé. Il décide de le réparer pour lui donner une seconde vie. Sans le savoir, cette trouvaille va réveiller une profonde passion pour le bois. Son entourage est stupéfait du résultat et l’encourage. En 2019, l'artisan d'art ouvre officiellement l'atelier PEV.

Une exposition, puis deux… c’est ainsi qu’il fait une rencontre qui va lui mettre le pied à l’étrier, comme il le dit lui-même. Une acheteuse d’art a eu un véritable coup de coeur et souhaite exposer ses oeuvres dans un concept store au Japon. En 2020, celle-ci lui passe une commande conséquente. La première d’un partenariat fructueux. « Alors que le monde était à l’arrêt à cause de la Covid, j’étais en pleine production », se souvient-il. D’autres opportunités vont se présenter, ses créations sont repérées par les grandes tables. Ses moulins à poivre prennent place dans le restaurant étoilé du Grand contrôle au château de Versailles. Olivier Guénot, chef de projet responsable des arts de la table pour le groupe Alain Ducasse, le propulse dans le monde de la gastronomie et lui ouvre les portes vers des chefs de grande renommée, comme Romain Meder et Sébastien Sanjou, qui lui feront des demandes sur-mesure. « Lorsqu’on positionne 120 couverts dans un restaurant haut de gamme, il faut que l’on retrouve une homogénéité. Cependant, je tiens à laisser la matière s’exprimer à son état le plus naturel. J’aime la sensation d’avoir un morceau de forêt sur la table », nous explique l’artiste.

Les essences de bois ne sont pas choisies par hasard. Sollicité pour réaliser des pièces en centre de table pour le restaurant étoilé Le Relais des Moines en Provence, l’artisan d’art a choisi des ronces d'olivier provenant d'une petite oliveraie proche de Manosque dans les Alpes de Haute Provence. « En sculptant cette pièce, je désirais laisser apparaître le côté sauvage de cette région et la fragilité de pour faire ressortir le veinage naturel. J’ai brûlé les ouvertures en référence aux incendies qui scarifient cette nature tous les étés, rappelant ainsi l’équilibre si fragile et précaire entre l'homme et son environnement. »

L’upcyclage : un art de vivre

Créer tout en limitant notre impact environnemental est fondamental pour Patrick Evesque. Ses oeuvres sont donc tout naturellement en bois glané ou recyclé et en matières détournées. À l’atelier PEV, au milieu de ses outils de travail, on peut apercevoir toutes sortes de pièces et essences de bois : chêne, bois exotique africain, de l’olivier, du genévrier… chaque pièce, même la plus petite, est conservée. Elle pourra servir pour une bague par exemple. Sous l’établi, il y a un seau avec différentes lames de couteaux usées, prêtes à être revalorisées. « Ces objets ont eu une vie antérieure, ils ont une histoire, certains ont fait des tours du monde à vélo, à la voile… ils ne répondent plus à leur besoin initial, je les récupère et leur donne un autre usage. Ils vont continuer à vivre », argumente-t-il. Ses couteaux fabriqués pour le restaurant gastronomique Les Ombres du quai Branly illustrent parfaitement sa démarche : les lames ayant servi à lever bon nombre de filets de poisson ont totalement été redessinées ; les manches sont composés de ronces d’olivier, de bandes de cuir provenant d’une sacoche sauvée in extremis de la destruction ainsi que d’une pièce d’anciennes marches d’un escalier de la gare du Nord.

S’ouvrir à toutes formes de créativité

Sa démarche environnementale et humaine est imprégnée dans chacun de ses projets que ce soit à travers la photographie, l’art de la table, la sculpture… Patrick Evesque aime dire « oui », relever des challenges et être libre dans la forme d’expression de son art. « ça fait partie de mon ADN », affirme- t-il « on a tous en nous une part artistique ». Une philosophie qu’il partage en famille. Son épouse Delphine Evesque est peintre et agitatrice de créativité. Elle anime des sessions de coaching pour les entreprises ou les particuliers afin de libérer leurs idées créatives endormies. Sur son site, on peut lire une phrase qui fait écho au parcours de son mari : « La nature est une source illimitée de créativité et d’inspiration. »

En s’inspirant du vivant, on donne vie à d’incroyables innovations ! ». Quant à leurs fils, l’un excelle dans le dessin et notamment les mangas, l’autre dans la musique. Il vient de sortir son tout premier EP sous le nom Tseu Olaf. Le jeune Vélizien de 20 ans a d’ailleurs une collection de guitares uniques en bois signées Patrick Evesque !

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