City of Vélizy-Villacoublay
Recherche
Accueil Actualité Les reportages

Colonel Xavier Jabot, nouveau commandant de la BA 107

Tuesday, february 2, 2021
Culture

« Paré au décollage »

Le ciel français n’a plus de secrets pour lui. Il a tutoyé les nuages à de nombreuses reprises, aux commandes de son avion de chasse. Le colonel Xavier Jabot, pilote de chasse de l’armée de l’Air et de l’Espace française, a pris en octobre le commandement de la célèbre Base Aérienne 107 de Villacoublay. Embarquement immédiat pour une rencontre de haut vol.

Colonel Xavier Jabot, nouveau commandant de la BA 107

Un parcours remarquable

Après une classe préparatoire scientifique, le jeune étudiant intègre l’Ecole de l’Air, à Salon-de-Provence, qui forme les futurs officiers de l’armée de l’Air et de l’Espace. Il y suit une formation de pilote de chasse et obtient son brevet en 1998. Affecté sur la base aérienne de Cambrai (Nord), il gravit les échelons aux commandes du Mirage 2000 C. « Un pilote est aux commandes de la machine sur laquelle il est lâché durant toute sa carrière », détaille le colonel, « il faut connaître ses commandes sur le bout des doigts car il y a beaucoup d’actes réflexes dans une mission ». A Nancy, le pilotage du Mirage 2000 D, un avion « destiné à l’assaut conventionnel » le conduira ensuite à commander un escadron de chasse avec lequel il participe à des opérations en Afghanistan et en Libye.

Sa carrière d’officier est entrecoupée d’affectations dans divers états-majors. Il travaille sur le programme de développement du Rafale à l’EM* de l’armée de l’Air, et participe à la programmation des dépenses d’investissement militaire. Retour aux sources en 2015 à l’Ecole de l’Air, où il orchestre les formations militaires et académiques, « une belle expérience au contact de la jeunesse, très riche humainement », rapporte le colonel. « La découverte de cette « génération Z » parfois décriée mais pleine d’énergie était stimulante, j’en garde un très bon souvenir ».

En 2020 il est déployé en opération extérieure, direction le Sahel. « Je coordonnais les travaux de l’opération Barkhane, au Tchad ». La lutte contre le terrorisme est une « lutte de chaque instant », dira-t-il, se souvenant des « pièges presque quotidiens » auxquels s’ajoute un climat rude. « La température frôle souvent les 50° dans les véhicules blindés ». Il qualifiera néanmoins l’expérience de « captivante, c’est le genre de mission qui est d’une telle intensité qu’on se demande tous les jours ce qui va se passer le lendemain. Et le lendemain est encore plus surprenant ».       

Escale à Vélizy-Villacoublay

Le 9 octobre 2020, le colonel Jabot prend le commandement de la Base Aérienne 107 « sous- lieutenant Dorme », à Vélizy-Villacoublay. « Notre mission numéro 1 est d’assurer la posture permanente de sûreté aérienne dans le ciel d’Ile-de-France, avec des hélicoptères prêts à décoller 24h/24 et 7jrs/7 », explique l’officier. Les quelques 1 300 militaires qui travaillent sur la base assurent aussi le transport des plus hautes personnalités de l’Etat, « une mission pour laquelle nous devons être prêts à toute heure du jour et de la nuit, tous les jours de l’année, à partir n’importe où dans le monde. C’est l’un des savoir-faire spécifiques de Villacoublay. »

En parallèle, le colonel gère divers projets inhérents à la base, comme la mise en service de la nouvelle Tour de contrôle, et la rénovation complète de l’escadron d’hélicoptères.

 

Un pilote chevronné

Enfant d’Auvergne, le colonel Jabot n’a pas intégré l’armée par hasard. Habitant non loin de l’école de pilotage de l’armée de l’air alors installée à Clermont-Ferrand, il se souvient « des Cap 10 qui volaient au-dessus de la maison. Ça m’a donné envie, aussi simplement que ça ». La visite d’une base aérienne avec l’école confortera son appétence pour le pilotage, « cela m’avait énormément intéressé. J’avais même ramené chez moi un prospectus de présentation des avions de l’armée, que j’ai longtemps conservé dans ma chambre », confie-t-il.        
C’est bien des années plus tard qu’il approche le concours d’entrée à l’Ecole de l’Air, moyennement confiant. « Devenir pilote, je pensais que c’était hors de ma portée. Je m’imaginais ces gens-là pleins de qualités dont je ne disposais pas ! ». Finalement, il échoue une première fois au concours « de si peu que j’ai réalisé que c’était possible. Cela m’a fait redoubler d’envie ». A force de travail, il obtient son concours et démarre sa formation d’officier. Brevet de pilote de chasse en poche, il commence une progression de 4 ans sur Mirage 2000 C, un avion de combat monoplace. « C’est une formation pendant laquelle vous volez tous les jours, on progresse et il faut être au top en permanence ».
Malgré de nombreuses heures de vol enregistrées au compteur, le colonel garde un souvenir précis de son premier vol en solo, son « lâché » comme on dit dans le jargon. « La machine semblait bien plus grande une fois au pied de l’échelle », se remémore-t-il. « Le plus impressionnant c’est quand vous êtes dans le cockpit, à la pointe de l’appareil. Vous ne voyez pas les ailes ! C’est une machine tellement puissante, on se demande au début comment on va la maîtriser ». Il prendra son envol du côté d’Orange, dans le Vaucluse. « Survoler la France, c’est magnifique. Et puis en volant à 900km/h, on voit défiler le paysage… ».

 

Si l’adrénaline l’a fait vibrer des années, il vit très sereinement la suite de sa carrière. « Le combat aérien est une expérience géniale, mais c’est un métier à risques qui implique une pression quotidienne et demande beaucoup d’énergie ». Aujourd’hui en retrait des cockpits pour occuper des fonctions d’encadrement, le colonel sait qu’il est « allé aussi loin que possible ». Même s’il garde toujours un œil sur la piste, entre terre et ciel…

 

Son vol le plus marquant ?

« C’était un vol d’alerte au départ de Tours, peu de temps après le 11 septembre 2001. L’activité sur la base aérienne 705 était relativement calme. La sirène a retenti, j’ai couru pour monter dans mon avion et décollé au-dessus de cette brume à travers laquelle on distinguait à peine le relief. J’allais intercepter un avion de ligne au comportement suspect. Je l’ai escorté jusqu’à Orly, jusqu’à ce que ses roues touchent la piste. Le contraste entre le calme de la base aérienne et le départ en alerte était saisissant. C’est une mission qui restera gravée dans ma mémoire, en un instant ça bascule ».