Ville de Velizy Villacoublay
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Robert Wagner : un nouveau regard sur Vélizy-Villacoublay

La ville de Vélizy-Villacoublay ne serait ce qu'elle est aujourd'hui sans la volonté et l'aspiration d'un homme : Robert Wagner. Le « père » de la ville nouvelle de Vélizy-Villacoublay est élu maire de la commune le 9 mai 1953. Il occupera ce poste jusqu'à sa mort, en 1988.

Les années qui suivent la fin du conflit mondial sont marquées par les projets de réorganisation de la région parisienne. Dans ce contexte, l'Etat a pour le territoire de Vélizy-Villacoublay de grandes ambitions. Par l'intermédiaire de l'urbaniste Robert Auzelle, un projet de construction d'une ville de 170 000 habitants voit le jour.

Malgré d'ambitieux desseins pour sa ville, Robert Wagner rejette ce programme impliquant la destruction de la base aérienne. Sa personnalité hors du commun, sa reconnaissance au sein du monde politique et surtout son attachement à la ville vont faire de lui l'initiateur d'un nouveau projet urbain exemplaire.

L'arrivée d'un ingénieur alsacien à la tête de la ville

Robert Wagner est né à Thann en 1911. Après des études d'ingénieur à l'Ecole polytechnique de Zurich, cet alsacien de pure souche s'oriente vers l'industrie, où il y fait une brillante carrière. Il s'installe à Vélizy-Villacoublay avec sa femme juste avant que n'éclate la Seconde Guerre Mondiale.

Aux élections municipales de 1953, il se présente comme tête de liste de l'Union républicaine pour la défense des intérêts communaux en face de la liste socialiste présidée par le Maire sortant, Eugène Morand. La ville, de forte tradition socialiste, tombe alors à droite. Pendant 35 ans, les Véliziens plébisciteront l'action de Robert Wagner en le maintenant à la tête de leur ville.

Gaulliste convaincu et homme d'influence, Robert Wagner entretient avec le monde politique des liens étroits. En 1958, sous l'étiquette de l'Union pour la Nouvelle République, il est élu député de Seine-et-Oise (devenue les Yvelines en 1968) et le restera pendant 30 ans. Il devient en 1971 Président du District de la Région de Paris, qui préfigure le conseil régional actuel. Son souci de la question environnementale l'amène à siéger aux conseils d'administration des Agences nationales pour la récupération des déchets et pour la qualité de l'air. Son charisme et son investissement constant lui attirent la sympathie des grands noms de la politique : le Général de Gaulle, Georges Pompidou, Michel Debré, Jacques Chirac, etc. Pierre Messmer, ancien premier ministre, lui rendra un brillant hommage à sa mort.
Robert Wagner bénéficie donc, via les gaullistes, d'un réseau à l'échelle nationale. Cette reconnaissance lui permettra de mener à bien son projet urbain à Vélizy-Villacoublay.

 

Des perspectives ambitieuses pour Vélizy-Villacoublay

« Préparer la Région de Paris à son avenir, c'est rendre la vie meilleure aux millions d'hommes et de femmes, ses habitants d'aujourd'hui et de demain. C'est faire de cette région un outil économique plus efficace au service de la collectivité nationale ; c'est y mettre en valeur une beauté ancienne, y créer une beauté nouvelle, que le Parisien comme le visiteur du pays lointain puisse aimer. »
Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région parisienne (1965).

Robert Wagner arrive à la tête de la Mairie de Vélizy-Villacoublay dans un contexte très particulier. Depuis la Révolution industrielle, le processus de métropolisation intensive est en marche. Dès les années 1930, la région parisienne est au cœur des problématiques urbaines avec la question centrale de la décongestion de la capitale. En 1939, le Plan d'Aménagement de la Région Parisienne est approuvé. Il sert de guide pour les projets de reconstruction et d'aménagement des communes sinistrées après la guerre. Le territoire de Vélizy-Villacoublay est au cœur des débats.

Robert Auzelle, urbaniste de renom, est chargé par le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme de l'aménagement du secteur de Jouy-en-Josas, Vélizy-Villacoublay, Meudon, Clamart et Bièvres. Le plateau de Villacoublay est choisi pour l'implantation d'un grand ensemble d'habitation de 170 000 habitants, impliquant le déclassement de la base aérienne. Ce projet comprendrait des habitations, des administrations centrales, des universités scientifiques et des secteurs de loisirs. Dans un contexte de construction européenne, cette gigantesque ville proche de Paris est censée permettre à la France de devenir le centre de l'Europe.

Vers un projet plus modeste mais résolument moderne

Robert Auzelle est toutefois contraint d'abandonner ce programme. Le rejet de la désaffection de l'aérodrome par l'Etat va en être la principale raison. La base est en effet très chère aux yeux du Général de Gaulle. Le projet est également compromis par le refus des usines Breguet de déplacer leurs activités.

Pour Robert Wagner, l'élaboration d'une méga-agglomération entre en contradiction avec sa vision de l'urbanisme. Pour répondre à la demande massive de logements, il préfère envisager la construction d'une ville à taille humaine n'excédant pas les 25 000 habitants. Il s'inscrit là dans la conception des années 60 : l'implantation en plein champs de blocs d'habitations desservis par un réseau de voirie et de petits centres commerciaux de quartiers. Un projet plus modeste est donc adopté. En dix ans, une ville moderne émerge des champs.