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Vincent Gravé, dessiner la nature pour éveiller la conscience des jeunes

Martes, 28 de noviembre de 2023
Cultura

Auteur et illustrateur d’albums jeunesse, Vincent Gravé utilise les contours de petits personnages attachants pour faire voyager avec poésie des messages qui lui tiennent à cœur. Preuve que le dessin est un langage universel, ses illustrations sont exposées en Corée du Sud. Lauréat du prix Bologna Ragazzi, son album Un grand jardin est même traduit dans 12 langues ! Très discret, il a accepté de nous ouvrir les portes de son atelier dans le Clos pour nous raconter son histoire.

Vincent Gravé,  dessiner la nature pour éveiller la conscience des jeunes

Au vide-greniers, il n’est pas rare de trouver des pépites… en octobre dernier, les Véliziens ont pu découvrir l’univers de Vincent Gravé. Des planches originales de ses illustrations étaient exposées avec d’autres talents du Clos, une initiative originale du conseil de quartier. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance de Moustache, le personnage central d’une série d’albums inspirés par la nature. Un thème qui est ancré dans les racines de notre artiste.

Bercé par mère Nature

Vincent Gravé a grandi en région parisienne et passait tous ses temps libres à la campagne. Une dualité dont il garde un tendre souvenir « Quand t’es à la campagne, il n’y a rien à faire. Tu crées avec ce que tu as autour de toi. Ma mère peignait de grands tableaux : que des fleurs et toujours un ciel bleu ; mon père jardinait beaucoup ; ma tante avait des livres sur les insectes et ma grand-mère connaissait tous les noms latins des plantes ! » Un héritage familial qui nourrira en lui un amour pour la nature. Tant et si bien qu’il envisagera même d’entrer dans une école de paysagistes à Versailles. Finalement, il s’inscrit à l’école d’art Penninghen à Paris. Par curiosité, il passe des concours et remporte celui de la Fnac et celui de Maisons Laffitte. Des distinctions qui l’encouragent à poursuivre dans cette voie en intégrant ensuite l'Ecole Supérieure des Arts et Techniques. « Le plus difficile, c’est le passage de ta création vers l‘extérieur, trouver qui cela va intéresser. Tu peux faire des choses magnifiques mais il faut montrer et se faire connaître. Aujourd’hui j‘ai de la chance d’avoir un éditeur, Cambourakis, j’arrive avec le projet, il me suit et me fait confiance, je suis bankable comme il dit » nous explique l’artiste en souriant humblement.

Un artiste bankable 

Après des débuts en agence de publicité, il s’est fait connaître en tant que dessinateur illustrateur et travaille avec de grands noms, tels que Charlélie Couture, Joseph Incardona, Marcus Malte. 

A ce jour, sa bibliographie compte une vingtaine d’ouvrages, des albums jeunesse, des bds, des bds biographiques... d’univers très différents. 

« J’ai eu une période où je travaillais beaucoup sur la technique. Delacroix dessinait des chevaux pour capturer le mouvement. Moi, les chevaux, ça ne m’inspirait pas vraiment, alors pour mon diplôme d’art je me suis intéressé aux boxeurs. Il y a toute une chorégraphie dans les corps, la rapidité du geste, les lumières… ». Une thématique qu’il exploitera par la suite pour l’album Petites Coupures, récompensé du Prix 2009 du Meilleur ONE-SHOT au Festival de Cognac. 

Et puis à un moment donné, il eut envie de mettre de côté les brosses charbonneuses pour faire tout l’inverse : prendre seulement un petit stylo. Il développa alors une addiction à la création…dessiner partout, tout le temps. 

« Je donnais des cours dans des écoles d’art, le soir je travaillais sur mes projets, j’avais une énergie incroyable mais je ne dormais plus. Le diagnostic est tombé : j’étais en burn out. » admet-il. Un nouveau chapitre s’ouvrit : l’urgence de ralentir.  

Retour aux sources 

Jamais très loin de son petit carnet d’idées pour dessiner, Vincent Gravé a appris à cloisonner ses activités pour ne plus se laisser envahir par sa créativité. Une promenade en forêt, une sortie au marché, une séance de yoga… le cadre de vie vélizien l’a aidé à se reconnecter aux choses simples. La vue de son atelier donne directement sur son jardin ce qui fut indéniablement une source d’inspiration. « J’ai cherché ce qui était réellement important pour moi et la réponse était évidente : le jardin. » Si la nature s’invite de plus en plus dans ses projets, cette transition se fait en douceur avec des personnages et décors joyeux dans des nuances de noir.  

En 2014, Gilles Clément, célèbre paysagiste-botaniste, écrit la préface de son album « Jardins des Vagabondes ». Une première collaboration qui portera ses fruits, puisqu’ils donneront ensuite naissance ensemble à « Un grand jardin » en 2016 puis « Un jardin pour demain » en 2017. Dans l’un de ses albums, l’illustrateur glisse un clin d’œil à cette phase de remise en question : un jardinier perd la tête. 

« La couleur s’est peu à peu imposée à moi. De temps en temps, je reviens vers le noir et blanc, comme les groupes de rock qui font un slow », plaisante-t-il. Aujourd’hui l’artiste a trouvé son équilibre même s’il s’inquiète du sort de notre planète… 

« La vraie richesse c’est le vivant ! » 

« J’aimerai qu’on arrête de faire n’importe quoi avec nos alter égo qui sont les oiseaux, les animaux… j’ai honte des agissements de l’homme. Indirectement avec mes dessins je souhaite provoquer des émotions. Le but c’est que les enfants trouvent ça beau et pas seulement. J’espère qu’ils se disent c’est beau la forêt, c’est beau le jardin, c’est beau cette vie sous terre… ça donne envie d’en prendre soin ! » 

Au fil de notre échange, Vincent nous présente les premières planches d’un nouveau projet qui devrait s’appeler « L’école de la nature ». Enfant, il dit avoir souffert de rester passif en classe, assis pendant des heures à son bureau… Il s’interroge sur ce que l’on transmet aux jeunes et ce qu’on leur laisse en héritage. Les derniers albums de l’artiste offrent une lecture à double sens « C’est un peu comme un cherche et trouve, le lecteur explore les planches de dessins, joue et lorsqu’il relit le livre, il découvre d’autres détails. Je n’aime pas le consommable. Il faut amener le lecteur à se questionner. Il faut changer de regard et dépasser le dessin pour toucher les esprits. » 

Des mots qui résonnent 

L’univers créatif de Vincent Gravé c’est aussi une écriture sensible et poétique. « Le Bal des chats » publié en septembre 2023 en est un bel exemple. Moustache et ses amis de la forêt doivent trouver une solution pour raviver la lumière de la lune. Une histoire qui fait l’éloge de l’amitié, de l’entraide et du sens de la fête !   

« Lorsque mes filles étaient petites, tous les soirs je leur lisais une poésie. C’est très important pour moi. Bien souvent, je trouve qu’on maltraite les mots… un peu comme les vivants d’ailleurs. » 

Et quand les mots montent sur scène, l’émotion se propage et se partage. Avec la complicité de la conteuse et comédienne Charlotte Guilot, le livre « Les amis du jardin » a été adapté en spectacle pour enfants. Une création jouée pour la première fois en avril 2023 et qui a déjà remporté le prix « Coup de cœur des pépiniéristes ».  La représentation à Vélizy-Villacoublay en présence de l’artiste est le 9 décembre et nous sommes prêts à parier, qu’on pourra lui attribuer un nouveau coup de cœur … celui des Véliziens !